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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

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Le Gaulois et moi comptons sur une bonne tuerie patriotique, ou sur un bon choléra-morbus, qui nous délivrera de l’infâme sequelle des créanciers. D’ailleurs, n’allons-nous pas avoir la république ? et le premier article de la nouvelle Charte portera, j’espère, que les dettes sont supprimées et tous les créanciers déportés. Nous leur faisons grâce de la vie, parce que nous sommes grands et généreux, mais qu’ils ne s’avisent jamais de rappeler le passé ! (Il n’y a que des carlistes et des jésuites capables de tant de ressentiment.) Nos créanciers, s’ils veulent éviter la guillotine, qui est, comme chacun sait, sœur de la liberté, doivent nous délivrer à tout jamais de leur odieuse présence, et purger le sol de la patrie régénérée de leur impur et stupide trafic. Tel sera le texte du premier discours du Gaulois à la prochaine assemblée constituante.

Mon bon camarade, pourquoi ne travaillez-vous plus ? Évitez du moins l’ennui, ne fût-ce qu’en taillant des cure-dents. Planet en fait une consommation qui vous tiendra en haleine. Si vous n’avez pas l’espoir de succéder à votre père et que les chiffres vous rebutent, faites autre chose ; lisez, instruisez-vous, la vie est toujours trop courte pour tout ce qu’on peut apprendre. Écrivez des romans, des comédies, des proverbes, des drames : tout cela vous fera travailler sans ennui et vous forcera à des recherches historiques qui vous arriveront pleines d’intérêt et de vie.