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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Je n’ai pas acheté la natte de votre mère, ni les lunettes pour Decaudin. J’ai une raison honteuse, secrète, mais invulnérable. Je n’ai pas un sou. Je paye écu par écu mes damnés marchands. Ô Misère ! je te ferai élever un temple si tu me quittes un jour ; car ceux que tu hantes sont plus heureux qu’on ne pense !

Le Gaulois m’a défendu de fermer ma lettre, disant qu’il voulait vous écrire. C’est une raison pour n’y pas compter…

Le voilà ! Il dit qu’il vous écrira demain : vous connaissez le demain du Gaulois.


LXXIII

À MAURICE DUDEVANT, À NOHANT


Paris, juillet 1831.


J’ai bien du chagrin quand tu ne m’écris pas, mon petit enfant. J’ai reçu tes trois lettres ; mais c’est bien peu. Cela ne fait qu’une par semaine. Autrefois, tu m’en écrivais deux et souvent trois. Cela ne t’amuse donc plus de m’écrire ? tu n’as pas besoin de montrer tes lettres, ni de les écrire avec tant de soin que ce soit un travail. Quand tu m’envoyais des barbouillages et des bonshommes, j’aimais autant cela. Écris-moi donc aussi mal que tu voudras, ne fût-ce que