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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

ment nous sommes sortis d’un bal chez madame Duvernet[1] à neuf heures du matin. N’êtes-vous pas émerveillée d’une dissipation pareille ? Aussi le jubilé, traversé par tant de fêtes, n’en finit-il pas. J’espère que, dans deux ou trois ans, nous n’en entendrons plus parler. En attendant, le curé prêche tous les dimanches matin contre le bal, et, tous les dimanches soir, on danse tant qu’on peut.

Quand je parle de curé grognon, vous entendez bien que ce n’est pas celui de Saint-Chartier[2] que je veux dire. Tout au contraire : celui-là est si bon, que, s’il avait quelque soixante ans de moins, je le ferais danser si je m’en mêlais.

Il est venu ici faire deux mariages dans un jour. Celui d’André[3], avec une jeune fille que vous ne connaissez pas et qui entrera à notre service à la Saint-Jean, et celui de Fanchon, sœur d’André et bonne de Maurice, avec la coqueluche du pays, le beau cantonnier Sylvinot[4], que vous ne vous rappelez sans doute en aucune manière, malgré ses succès. La noce s’est faite dans nos remises, on mangeait dans l’une, on dansait dans l’autre.

C’était d’un luxe que vous pouvez imaginer : trois bouts de chandelle pour illumination, force piquette

  1. Mère de Charles Duvernet, amie de la famille de pères en fils.
  2. Saint-Chartier (Indre), village près de Nohant.
  3. Domestique de George Sand.
  4. Diminutif de Sylvain Biaud.