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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

pour rafraîchissements, orchestre composé d’une vielle et d’une cornemuse, la plus criarde, par conséquent la plus goûtée du pays. Nous avions invité quelques personnes de la Châtre et nous avons fait cent mille folies, comme de nous déguiser le soir en paysans, et si bien, que nous ne nous reconnaissions pas les uns les autres. Madame Duplessis était charmante en cotillon rouge. Ursule[1], en blouse bleue et en grand chapiau, était un fort drôle de galopin. Casimir, en mendiant, a reçu des sous qui lui ont été donnés de très bonne foi. Stéphane de Grandsaigne, que vous connaissez, je crois, était en paysan requinqué, et, faisant semblant d’être gris, a été coudoyer et apostropher notre sous-préfet, qui est un agréable garçon et qui était au moment de s’en aller quand il nous a tous reconnus.

Enfin la soirée a été très bouffonne et vous aurait divertie, je gage ; peut-être auriez-vous été tentée de prendre aussi le bavolet, et je parie qu’il n’y aurait pas eu d’yeux noirs qui vous le disputassent encore.

Comptez-vous retourner bientôt à Paris, chère maman, et êtes-vous toujours contente du séjour de Charleville ? Embrassez bien ma sœur pour moi, ainsi que le cher petit Oscar. Casimir vous présente ses tendres hommages, et moi je vous prie de penser un peu à nous quand le printemps reviendra.

Donnez-nous de vos nouvelles, chère maman, et recevez mes embrassements.

  1. Ursule Josse, femme de chambre de George Sand.