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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

le gros éléphant est venu, avec une tour sur le dos et que, la tour toute pleine de boîtes, de fusées et de pétards a éclaté avec un bruit du diable, elle a un peu fait la grimace. Je lui ai dit que, si tu étais là, tu n’aurais pas peur, que tu tirais des coups de pistolet, que l’éléphant n’avait pas peur. Par émulation, elle a renfoncé ses larmes et s’est enhardie jusqu’à regarder. Elle a trouvé cela très beau. En effet, il est impossible de voir rien de plus beau que l’éléphant tout couvert de velours, de soldats, de dorures, de feu, faisant toutes ses évolutions comme un vrai soldat.

Je t’ai bien regretté, mon petit ; tu aurais été bien étonné de voir ces deux animaux si intelligents. Il y en a un énorme, gros quatre fois comme celui que tu as vu au Jardin des Plantes. Au lieu d’être d’un gris sale comme lui, il est d’un beau noir. Celui-là s’appelle Djeck ; le petit est trois fois moins gros, mais aussi gentil qu’un éléphant peut l’être et aussi savant que le gros. Tout ce qu’ils font est incroyable. Ils sont en scène pendant trois actes. Certainement Thomas n’a pas le demi-quart de leur intelligence. Le gros danse la danse du châle avec une trentaine de bayadères. C’est à mourir de rire de voir danser un éléphant. Puis il mange de la salade devant le public. Chaque fois qu’il a vidé un saladier, il le prend avec sa trompe et le donne au petit éléphant, qui le prend de la même manière et le fait passer à son valet de chambre. Le gros a une clochette d’or pendue à une