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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Mon ange chéri, tu es ce que j’aime le mieux au monde. Je suis venue passer quelque temps à la Châtre ; je demeure chez Duteil.

Adieu ; je t’embrasse mille fois. Apprends bien l’histoire, c’est un grand point.


CXXXVI

À M. FRANÇOIS ROLLINAT, À CHÂTEAUROUX


La Châtre, 4 février 1836.


Qu’as-tu donc, bon vieux ? manques-tu de courage ? t’est-il arrivé quelque chose de pis que la vie ordinaire ? pourquoi es-tu si consterné et si abattu ? Ta lettre m’inquiète beaucoup. Si tu ne peux venir me voir, et que je puisse te donner un peu de cœur, j’irai te voir la semaine prochaine. Mon affaire est remise à quinzaine ; c’est le seul mal que le président ait pu me faire, et il l’a fait. Du reste, cette affaire étant imperdable au dire de tous, et le ministère public ayant conclu en ma faveur avec beaucoup de chaleur, je ne m’inquiète pas.

Mais, toi, qu’as-tu ? Tu es fou avec ta mort morale ! Les hommes comme toi ne sont pas appelés à une pareille fin. Il y a, en toi, une si grande sérénité de vertu, que l’intelligence ne peut que gagner avec les années, et même avec les fatigues et les douleurs.