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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

imbécile. Je ne demande pas mieux, pourvu que vous ne m’abandonniez pas dans le malheur.

Mille tendresses.


CXL

À M. EUGÈNE PELLETAN, À PARIS


Bourges, 28 février 1836.


J’ai reçu votre lettre hier seulement. Je n’habite point Paris, et je n’habite rien les trois quarts de l’année.

Vous avez prodigieusement d’esprit, d’imagination et de talent. Mais votre simplicité est plus affectée que réelle.

Travaillez, vous êtes déjà poète, si, pour l’être, il suffit de faire très bien les vers. S’il y faut quelque chose de plus, vous êtes capable de l’acquérir. — Faites-vous imprimer quand vous l’aurez acquis.

La plastique vous manque, vous le savez ; cherchez-la en tout. Byron et Gœthe ne s’en sont pas affranchis dans leurs plus fougueuses compositions.

Ne soyez d’aucune école, n’imitez aucun modèle. Ceux qui posent comme tels envient presque toujours les qualités du talent qu’ils censurent et éteignent chez leurs adeptes.

Fuyez Paris, c’est le tombeau des poètes et des artistes. Tout y est chic.