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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND
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rigénez-le paternellement ; c’est un bon diable qui vous comprendra si vous lui parlez raison.

Solange est impayable avec son poignard dans le cœur ou dans l’estomac. Je pense que ce dernier organe est celui qui joue le plus grand rôle dans sa vie. Elle découchera, je crois, pour les fêtes de Pâques, et ma tante de l’Élysée-Bourbon[1] se chargera d’elle ; car il faut, par respect pour les mœurs, qu’elle ait son domicile chez des femmes.

Serez-vous assez bon pour conduire son frère auprès d’elle quand il voudra et pour le ramener chez Buloz ensuite, ou au moins pour surveiller ses allées et venues, de manière qu’il ne soit qu’avec des personnes sûres, qui ne le perdront pas en chemin. Je compte sur vous, sur Papet, sur Boucoiran et sur Buloz.

Je ne puis, quelque chagrin que j’éprouverai à vous perdre pour longtemps peut-être, vous dissuader du voyage en Égypte. Voyager, c’est apprendre ; savoir, c’est exister. Vous n’irez pas en Orient et vous n’en reviendrez pas sans avoir acquis beaucoup de connaissances qui vous feront très supérieur à ce que vous êtes déjà. Les gens du monde et les femmes voyagent sans fruit ; il n’en sera pas ainsi de vous. Vous observerez, vous verrez différentes races d’hommes, différents modes d’organisation sociale. Vous ne négligerez pas d’apprendre leur histoire, si vous ne la savez

  1. Madame Maréchal.