Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 2.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

sont telles, qu’elles nous donnent tout le courage nécessaire pour attendre et pour espérer. Ne nous laissons donc pas trop abattre par le mal général. N’avons-nous pas des affections profondes, certaines, durables ? n’est-ce pas une source immense de consolations ? n’y puiserons-nous pas la force de supporter les folies et les turpitudes du genre humain ? Vous avez votre Manoël, cet homme que vous aimez par-dessus tout et qui vous aime avec toute l’ardeur d’un premier amour ? Ne vous plaignez pas trop ; c’est une âme admirable, plus je l’ai vu, plus j’ai compris combien vous deviez vous chérir l’un l’autre, et cette charmante gaieté qui vous sauve de tout, ne vient pas, comme vous le prétendez quelquefois, d’un fond de légèreté qui serait en vous. Je crois, au contraire, que vous avez l’esprit fort sérieux ; mais vous possédez dans votre intérieur un fond de bonheur inaltérable, et c’est là le secret de votre grande philosophie à beaucoup d’égards.

Bonjour, chère bonne ; écrivez-moi souvent. Aimez-moi toujours. Grondez Emmanuel de ce qu’il ne m’écrit jamais. Embrassez tendrement pour moi votre bon Manoël et parlez de moi à tous nos vrais amis.

Je vous envoie une lettre pour le frère de Gaubert ; vous aurez la bonté de la lui faire remettre.