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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CXCVI

À M. GIRERD, À NEVERS


Paris, octobre 1839.


Mon bon frère,

Il y a des siècles que je veux t’écrire et je vis dans un tourbillon d’affaires et de travail si assommant, que j’attends toujours une heure de calme pour causer avec toi. C’est un bonheur que je ne voudrais pas empoisonner par mille sottes interruptions et mille tristes préoccupations.

Mais qu’une lettre est peu de chose et dit mal ce qu’on se dirait dans le bon laisser aller du coin du feu ! Tu devrais bien, maintenant que je suis enfin installée chez moi à Paris, venir y faire une promenade, et passer quelques bonnes journées avec moi. Tu me trouverais dans un mouvement perpétuel ; mais tu serais avec moi dans le mouvement, et ton amitié y porterait le calme et la joie dont j’ai si souvent besoin. Il me semble que nous aurions tant à nous raconter !

L’existence change si souvent et si complètement de face, dans le temps où nous sommes ! Nous nous retrouverions changés tous deux à bien des égards sans doute, mais fidèles toujours au sentiment du