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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Amuse-toi donc ! je ne te plains pas, quoique je conçoive tes heures d’ennui et de souffrance là-bas. Mais enfin tu auras vu l’Afrique, et le présent, qui te déplaît souvent, aura son prix quand il sera entré dans le passé. Maurice, qui ne rêve que peinture et qui fait vraiment des progrès, voudrait bien être à ta place. Nous sommes à Nohant depuis un mois, et nous y jouissons d’un temps détestable, par suite d’un petit imbécile de tremblement de terre qui est venu nous abîmer notre pauvre été.

Solange est en pension et va venir ici passer ses vacances très prochainement.

Maurice t’embrasse. Rapporte-lui de ton Afrique tout ce que tu pourras, tout ce que tu voudras, fussent de vieilles semelles arabes, ou une mèche de crins de cheval : il trouvera que cela a du caractère et du chic.

Bonsoir, mon cher Benjamin ; reviens bientôt. Nous nous retrouverons, j’espère, à Paris, où je retournerai à l’automne. En attendant, ne crois pas que je t’aie mis de côté dans mes affections : à cet égard-là, je n’ai pas changé. Mais je suis devenue diablement sérieuse et ennuyeuse.

Que Dieu soit avec toi et te donne du soleil, de l’insouciance et des émotions à doses mesurées. C’est ce que je puis te souhaiter de mieux.

À toi de cœur.
G. S.