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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CCXXXI

À MADAME MARLIANI, À PARIS


Nohant, 14 novembre 1843.


Mon amie,

Ce que vous me dites de Leroux m’effraye et me fait mal, non pas le mot de M. Jean Reynaud, que je crois sincèrement et profondément jaloux de lui en toute chose. Vous l’avez appris d’ailleurs de madame Roland, qui peut avoir de bonnes et belles qualités, mais qui a aussi de vilains petits défauts, le commérage en première ligne. Vous ne croyez peut-être cela ni de l’un ni de l’autre ; mais vous verrez quelque jour que je ne me trompe pas.

Ce qui m’inquiète, ce sont les vingt jours passés par vous sans voir Leroux ; ce sont mes épreuves qu’il n’a pas corrigées. Je me moque bien de mes épreuves, comme vous pouvez penser ; mais, pour qu’il les ait négligées, lui si bon pour moi, et si régulier à cette corvée, il faut qu’il ait eu, en effet, des préoccupations très grandes. J’ai reçu dernièrement une longue lettre de lui horriblement triste. La pénurie où il se trouvait pour l’achèvement de sa machine, et aussi sans doute pour les besoins de sa famille, est, je le sais, la cause de ses terreurs et de ses angoisses. Je lui ai envoyé aujourd’hui cinq cents francs. J’ai écrit