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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

et la mère étaient assis dans le salon sur des fauteuils. Le père écoutant, n’entendant et ne comprenant rien, mais représentant le fantôme de l’autorité paternelle ; ne demandant pas d’explications, mais sanctionnant par sa présence les engagements que prenaient ses enfants pour lui, et en son seul nom. Denis très calme, très ferme, très juste, très droit, à la fois prudent et confiant, et disant de temps en temps : Silence ! d’un ton doux mais absolu, à Sylvinot, qui a l’esprit plus prompt que lui, qui comprend la procédure comme un notaire, et, tout en me montrant la plus grande confiance, frappait juste sur les tergiversations d’Hippolyte, et les mettait à néant ; mais Denis reprenait : « J’arrangerons ça ; silence ! » Et Sylvinot de se taire comme par un ressort. La mère ne disait qu’un mot, toujours le même : « D’abord que nout’dame vous le promet ! y a pas besun d’zou z’écrire. »

Selon elle, toutes ces écritures ne riment à rien et ne valent pas une promesse. Elle traiterait les affaires comme les Turcs. Cette famille des Meillant est vraiment un beau type de droiture, de gravité et de hiérarchie patriarcale dans la famille ; ce n’est plus que là qu’on peut revoir ce que le passé a eu de grand et de simple, d’autant plus qu’avec une autorité à différents degrés, volontairement acceptée, et dont nul n’abuse, il y a égalité de droits, égalité d’héritage. C’est le bienfait du présent et la beauté du passé. Victor Hugo aurait dû voir quelque action aussi simple avant de faire ses fantastiques Burgraves. Le