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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Il m’aurait confié sa mère infirme et misérable. J’aurais pris soin d’elle, et j’aurais donné de l’argent à M. Perdiguier pour l’aider dans ses courses et dans ses recherches. Enfin, j’aurais profité de son zèle et de ses travaux pour faire un roman dont j’aurais partagé le produit avec sa mère et avec lui.

Voici maintenant la vérité :

M. Agricol Perdiguier est l’auteur d’un livre sur le compagnonnage imprimé bien longtemps avant que j’eusse le dessein d’écrire un roman sur cette matière. Cherchant quelques renseignements exacts et consciencieux, j’eus naturellement recours à ce livre, et l’esprit droit et généreux que révélait cet opuscule me donna l’envie de connaître l’auteur. Je n’ai jamais eu le plaisir de voir ses parents, qui vivent dans l’aisance à quelques lieues d’Avignon ; je n’ai donc jamais eu l’occasion de leur rendre le moindre service. Je n’ai pas non plus le mérite d’avoir rendu personnellement service à M. Agricol, et le voyage qu’il a entrepris dans différentes provinces de France n’a pas eu pour but de me recueillir des notes et de m’envoyer des renseignements.

Ce serait diminuer de beaucoup l’importance et le mérite du pèlerinage accompli par cet homme vertueux que de faire de lui une sorte de commis voyageur au service de mon encrier. J’ai dit, dans la préface de mon livre le Compagnon du tour de France, quelle mission de paix et de conciliation M. Perdiguier s’était imposée, en cherchant à nouer des rela-