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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

thécaire ; je crois que ce serait le rêve de M. Borie, par exemple, et je connais plusieurs personnes qui croient aussi à ce moyen sous diverses formes. Un troisième viendra et vous parlera de l’impôt progressif ; un quatrième, de moyens plus modestes, mais qui seraient immédiatement applicables si l’Assemblée nationale avait seulement un peu de foi et de volonté, la communauté dans le système des chemins de fer par l’État, les assurances mutuelles sous diverses formes, et, toutes, tendant à constituer un fonds social réel ; car nous en avons déjà un fictif qui repose sur l’impôt, mais qui est mal assis et ne profite qu’aux riches.

Vous voyez que voilà bien des moyens, et je crois que tous sont bons. Si j’avais la capacité financière, je suis sûre que j’en trouverais dix autres à vous proposer. Je dis qu’ils sont tous bons par eux-mêmes et qu’ils seraient excellents en venant se fondre dans un système consenti par la nation. Mais où est le consentement ? Les riches ne veulent pas, et les pauvres ne savent pas. Un principe se formule en trois mots, et s’appuie sur des raisons purement philosophiques. Ces raisons peuvent être facilement acceptées de tous, parce que ce qui est vrai et beau saisit presque tout le monde ; qui osera dire que Socrate, Jésus, Confucius et les autres grands révélateurs se sont trompés ? Mais, quand on arrive au fait palpable, chacun a son avis, et il faut bien consulter tout le monde pour agir.