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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

été un grand jour, et nous ne serions pas où nous en sommes. Mais, quelque mal intentionnée que fût déjà la majorité de cette Assemblée, il n’y avait point encore de motifs suffisants pour que le peuple recourût à ce moyen extrême.

Aussi le peuple se tint-il tranquille, tandis que les clubs seuls agissaient, et nous savons bien que, dans ces mouvements de la portion la plus bouillante des partis, il y a des ambitions d’une part et des agents de provocation de l’autre. Vous rappelez-vous que, les jours qui précédèrent ce malheureux jour, je me permettais de vous calmer autant qu’il était en moi.

J’aurais voulu plus de douceur et de patience dans les formes de notre opposition en général. Je trouvais nos amis trop prompts au soupçon, à l’accusation, à l’injure. Je croyais ces représentants modérés meilleurs qu’ils ne paraissaient, je me persuadais que c’étaient pour la plupart des hommes faibles et timides, mais honnêtes dans le fond, et qui accepteraient la vérité si on venait à bout de la leur exposer sans passion personnelle, et en ménageant leur amour-propre encore plus peut-être que leurs intérêts. Je me trompais probablement sur leur compte ; car la manière dont ils ont agi depuis prouve qu’avec ou sans le 15 mai, avec ou sans les journées de juin, ils eussent ouvert les bras à la réaction plus volontiers qu’à la démocratie. Mais, n’importe quelle eût été leur conduite, nous n’aurions pas à nous faire le reproche