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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

ment de modestie m’oblige à dire aussi qu’on dîne fort bien en blouse à ma table et que je n’ai pas tant d’élégance et de charme que vous voulez bien m’en supposer. Là, il m’en coûte certainement de vous contredire ; mais je crois que cela vous est fort égal, et qu’en me prenant pour l’héroïne d’un roman plein d’esprit dont vous êtes l’auteur, vous ne teniez pas à autre chose que montrer le talent et l’imagination dont vous êtes doué.

G. SAND.


CCCX

À JOSEPH MAZZINI, À LONDRES


Nohant, 10 mars 1850.


Mon ami,

J’ai pris plus de courage depuis que je ne vous ai écrit, bien que j’aie perdu plus de santé et de force physique. Mais ce qui me donne patience, c’est justement que je ne me sens plus cette énergie matérielle qui résistait à tous les coups. À présent, je n’aurai qu’à me laisser faire pour m’en aller tout doucement et sans crime, puisque, selon vous, c’est un crime de s’en aller volontairement. Je persiste à croire que nous avons tous cette liberté, ce droit de protester contre la vie, telle que l’ont faite les erreurs et les mauvaises