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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Vous avez dû recevoir une lettre de Louis Blanc et une de Landolphe que je vous ai fait passer par M. P… Soutenez les vivants dans leur lutte, vous qui êtes déjà à moitié dans le ciel. Et que ce calme de la tombe illustre où l’on vous tient enfermé vous conserve comme Jésus dans la sienne. Songez à en sortir vivant et fort ; car le jour viendra de lui-même, et nous aurons encore besoin de vous dans le monde des souffrances et des passions.

Donnez-moi de vos nouvelles. Je crains que vous ne soyez réellement malade sans vouloir l’avouer, et que tout cela ne soit le résultat très naturel et très impartial d’une consultation de médecins. Vous avez peut-être été assez malade à ce moment-là pour qu’on n’ait pas voulu prendre la responsabilité d’aggraver trop votre état par le transfèrement. Je ne crois pas que personne ait demandé grâce pour vous. Ce ne pourrait être qu’un ami maladroit ; mais c’est fort invraisemblable qu’on vous aime et qu’on agisse malgré vous. L’inquiétude que j’éprouve a saisi tout le monde. Rassurez-nous. Conservez-vous. Il le faut, et pour la cause et pour ceux qui, comme moi, vous chérissent de toute leur âme.

GEORGE.