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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

J’ai cru rêver en voyant votre interprétation d’une phrase, où j’ai dû vous dire, où je crois vous avoir dit qu’il ne s’agit plus de savoir qui aura l’initiative ; qu’aujourd’hui, ce serait une vaine gloire de s’attribuer, soit comme Français, soit comme Italien, des facultés supérieures pour cette initiative, et que tout réveil doit être un acte de foi collectif.

Je ne sais ce que j’ai dit ; mais je veux être pendue si j’ai pu vouloir dire autre chose, et s’il y a là dedans un reproche, un doute pour vous ; je ne vous comprends pas de vous fâcher ainsi contre moi, quand j’ai si rarement le bonheur de pouvoir causer avec vous ; quand il est si chanceux d’y parvenir sans que les lettres soient interceptées ; quand des semaines et des mois doivent se passer sans que j’aie d’autre souvenir de vous qu’une lettre de reproches trop véhéments et nullement mérités. Je n’ai pas reçu l’article que vous m’avez envoyé. Je crois l’avoir lu en entier dans un extrait de journal qu’on m’avait envoyé de Belgique quelque temps auparavant, lorsque j’étais à Paris. J’ignore si on m’a envoyé la réponse collective dont vous vous plaignez. Je n’ai rien reçu ; une lettre que m’avait écrite Louis Blanc, et dont il me parle aujourd’hui dans une autre lettre étrangère à toute politique, a été saisie apparemment par la police : je ne l’ai pas reçue. J’ai cherché dans les journaux que je suis à même de consulter ici cette réponse, tronquée ou non. Je ne l’ai point trouvée. Je n’en sais donc pas le premier mot. Vous me dites, et l’on me dit d’ailleurs,