je les confie à la poste, je ne devais pas, je ne pouvais pas être exaucée. Je ne l’ai été que pour un bien petit nombre. Je compte par vingtaines les amis que l’on m’emmène en Afrique ou que l’on bannit à perpétuité.
Je comprends bien vos chagrins, c’est ma nourriture depuis six mois. Dans ce moment, je suis en instance pour treize compatriotes au sujet desquels je n’ai que des promesses, et qui sont à Lambessa probablement à l’heure qu’il est ; je n’espère pas !
Si, contre mon attente, leur grâce était accordée, j’oserais recommencer pour votre filleul. Mais, en ce moment, je pense que ma prière compromettrait la cause de mes amis sans succès pour vous. On me trouve déjà probablement bien trop exigeante et obstinée.
L’histoire que vous me racontez est celle de tous mes amis, et les réflexions que vous faites, la douleur que vous éprouvez trouvent en moi un écho fidèle. Combien d’autres cœurs sont navrés à chaque révolution de ce genre ! Croyez que ma peine personnelle ne me rend point insensible à la vôtre, et que je vous garde toujours une vive et constante sympathie. J’étais en train de lire Angélique Lagier quand les événements ont éclaté. Depuis ce moment, il m’a été impossible de reprendre aucune lecture, tant j’ai été accablée de travail et d’autres devoirs ; j’espère m’en dédommager et vous remercier mieux de l’envoi de votre livre et de votre bon et constant souvenir.