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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

trouvé représenté un nombre de fois considérable, d’une manière très fugitive mais très sensible pourtant, sur les différentes couches de nuages qui l’environnent.

À plusieurs reprises, la personne qui a renouvelé hier cette observation a cru voir le soleil apparaître faiblement à une place où il n’était pas, et immédiatement se transporter à une autre place, jusqu’à ce qu’une apparition réelle redressât l’erreur produite par cette sorte de parélie que je ne me charge nullement d’expliquer.

Nous n’avons pas vu les fleurs se fermer : la plupart ne se sont aperçues de rien. Pourtant, comme l’un de nous prétendait que les liserons se fermaient, j’ai attentivement regardé une fleur de liseron-vrille qui était à mes pieds et je l’ai vue plisser sensiblement sa corolle. Le fait n’a pas été général : un rossignol a lancé une roulade vive et unique à l’heure précise marquée pour l’apogée du phénomène. Les rossignols ne disent plus mot chez nous dans ce moment de l’année.

Les coqs ont aussi jeté beaucoup de fanfares simultanées de tous les points habités de la campagne ; mais aucun autre animal n’a donné signe d’étonnement ou de terreur. Les paysans qui ne nous ont pas vus regarder en l’air ne se sont aperçus de rien ; d’où je conclus que notre père le soleil peut nous retirer les cinq sixièmes de sa lumière sans que la terre s’en ressente beaucoup.