Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 4.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

dray maritime soit suffisamment meublé quant au reste, les tables sont ici des meubles de luxe. On ne lit pas, on n’écrit pas, on vient à la campagne pour se promener et dormir. Nous sommes enfin bien casés, résignés aux tempêtes et très dédommagés par la possibilité de travailler et par la beauté des journées admirables qui succèdent aux ouragans. Le printemps se fait au milieu de ces tempêtes comme si de rien n’était. Les solides pins d’Alep au parasol majestueux et les lièges rugueux tendent le dos et ne rompent pas ; les plantes à feuilles persistantes s’en moquent également, et l’olivier n’en est ni plus ni moins pâle. Parmi ces insensibles, les vraies plantes printanières commencent à sourire. Les tamarix et les lentisques en boutons, les anémones lilas et pourpre jonchent la terre, et les orchys fleurissent à l’ombre.

J’ai trouvé dans un bois voisin l’épipactis céphalante, qui n’est pas de nos pays et qui, je crois, est assez rare partout.

C’est une orchidée blanc de neige, avec une tache dorée sur le labile ; très jolie plante, élégante. J’ai été voir à Saint-Mandrier, qui est un hospice de marine avec un beau jardin botanique, des palmiers et autres exotiques très grands, des bosquets de poivriers couverts de leurs jolies graines rouges, et des sterculies dont l’odeur, exprimée par le nom, n’est pas précisément celle de la rose.

Tout cela est en dehors de mon récit sur le docteur Germain. Pour en revenir à lui, Maurice, qui se flat-