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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

part de Jean. Il l’était, ce me semble, sans ce dernier châtiment de partir sans récompense.

Vous me direz : « La femme n’est pas capable de ces choses-là. » Moi, je dis : « Pourquoi pas ? » Et je ne recule pas devant les bonnes grosses moralités : un sentiment sublime est toujours fécond. Jean est sublime ; voilà que cette petite Andrée, qui ne l’aimait que d’amitié, se met à l’aimer d’enthousiasme, parce que le sublime a fait vibrer en elle une force inconnue. Vous voulez remuer cette fibre dans le public, pourquoi ne pas lui montrer l’opération magnétique et divine sur la scène ? Ce serait plus contagieux encore ; on ne s’en irait pas en se disant : « La vertu ne sert qu’à vous rendre malheureux. »

Voilà ma critique. Elle est du domaine de la philosophie et n’ôte rien à la sympathie et aux compliments de cœur de l’artiste. Vous avez fait agir et parler un homme sublime. C’est une grande et bonne chose par le temps qui court. Je suis heureuse de votre succès.

GEORGE SAND.