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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CDIII

À MADAME ARNOULD-PLESSY, À PARIS


Nohant, 1er  mai 1856.


Chère mignonne,

Donnez-moi de vos nouvelles. Ne me laissez pas ignorer ce que devient ma grande fille. Je sais bien qu’elle joue souvent et que, par conséquent, elle n’est pas malade ; mais cela ne me dit pas si le cœur est mélancolique ou joyeux. Pourtant ce ne sont pas des questions que je vous adresse. Je sais comme les questions sont indélicates, quand elles ne sont pas bêtes. Je veux seulement que vous sachiez que, sans curiosité d’esprit, j’ai l’inquiétude du cœur, et que, sans savoir le remède à vos accès de spleen, je voudrais pouvoir le trouver.

Mais il n’y en a pas de radical en ce monde : nous sommes tous tristes ou soucieux plus ou moins.

J’ai retrouvé ici avec délices la campagne, l’air, les conditions tranquilles et logiques pour l’artiste, et l’amour de l’art plus que jamais, malgré les luttes, les fatigues, les mécomptes dans le passé et dans l’avenir. Tout cela, je crois, est bon et nous pousse en avant ; mais ce que j’ai retrouvé aussi, c’est la présence de cette enfant qui, ici, ne me semble jamais