possible à oublier. Dans cette maison, dans ce jardin, je ne peux pas me persuader qu’elle ne va pas revenir un de ces jours. Je la vois partout, et cette illusion-là ramène des déchirements continuels. Dieu est bon quand même : il l’a reprise pour son bonheur, à elle, et nous nous reverrons tous ; un peu plus tôt, un peu plus tard.
On m’écrit que vous êtes toujours belle et ravissante dans Célia[1], je ne suis pas, en peine de cela.
Soyez heureuse, d’ailleurs, autant qu’on peut l’être quand en est comme vous dans le corps d’élite. On y reçoit plus de blessures que dans les autres régiments ; mais, quand un bonheur arrive, on le sent mieux, parce qu’on le comprend mieux que le vulgaire.
Bonsoir, chère fille ; dites toutes mes tendresses à qui de droit, et puis au criocère Cicéri[2] et au bon Charles-Edmond et à Croquignolet[3] quand vous le verrez. Viendrez-vous à Nohant cette année ? Tâchez, et aimez-nous. Je vous embrasse tendrement.
Votre second amoureux, puisque Cicéri est le premier dans les vétérans, vous baise humblement les sandales.
Émile est à Paris, et je lui ai dit d’aller, non pas vous embrasser de ma part, ça ne vous flatterait pas, mais savoir de vos nouvelles et tâcher de vous voir,