Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’aller voir ses filles. J’attendrai à Paris que tu me dises si elle est de retour, ou bien, si je vous fais une vraie visite, vous me donnerez l’époque qui vous ira le mieux.

Mon intention, pour le moment, était tout bonnement d’aller passer une heure avec vous, et Lina était tentée d’en être ; je lui aurais montré Rouen, et puis nous eussions été t’embrasser, pour revenir le soir à Paris ; car la chère petite a toujours l’oreille et le cœur au guet quand elle est séparée d’Aurore, et ses jours de vacances lui sont comptés par une inquiétude continuelle que je comprends bien. Nous irons donc en courant te serrer les mains. Si cela ne se peut pas, j’irai seule plus tard quand le cœur t’en dira, et, si tu vas dans le Midi, je remettrai jusqu’à ce que tout s’arrange sans entraver en quoi que ce soit les projets de ta mère ou les tiens. Je suis très libre, moi. Donc, ne t’inquiète pas, et arrange ton été sans te préoccuper de moi.

J’ai trente-six projets aussi ; mais je ne m’attache à aucun ; ce qui m’amuse, c’est ce qui me prend et m’emmène à l’improviste. Il en est du voyage comme du roman : ce qui passe est ce qui commande. Seulement, quand on est à Paris, Rouen n’est pas un voyage, et je serai toujours à même, quand je serai là, de répondre à ton appel. Je me fais un peu de remords de te prendre des jours entiers de travail, moi qui ne m’ennuie jamais de flâner, et que tu pourrais laisser des heures entières sous un arbre, ou devant deux