Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/39

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à côté de lui ! Ce sera de quoi le corriger ; car il faudra bien qu’il prenne son parti de ce vacarme.

On dit dans les journaux qu’il pleut à verse dans toute la France, si bien que je crains que vous ne trouviez pas le beau temps à Guillery. Mais pourtant le baromètre remonte.

Ici, le mauvais temps est supportable. La maison est si gentille et si bien appropriée à tous mes besoins, je suis si bien installée et outillée pour écrire, que je ne m’impatiente pas d’y rester. Hier, il faisait beau, nous avons fait un tour dans le vallon de la petite rivière. La rivière est trouble en ce moment, mais le pays est délicieux. Les gens de la campagne sont tous cultivateurs, propriétaires, franchement paysans et très gentils à la rencontre. Ils vous disent bonjour comme à Gargilesse.

Il y en a qui ont, pour tout avoir, un champ de roses jeté au milieu des champs de blé, et ce champ de roses embaume à un quart de lieue a la ronde. Je ne sais pas si ce pays serait à ton goût ; moi, il me plaît énormément. Il est rustique au possible, ce qui ne l’empêche pas d’avoir un grand style, à cause de ses beaux arbres et de ses verdures immenses.

Jusqu’ici, je ne sais rien de ma dépense, il faut quelques semaines pour s’en rendre compte. Je sais que la table est exquise et que je n’ai jamais si bien mangé. Les fruits et les légumes, dont je vis principalement, sont d’un pays de Cocagne. Si nous avions Nohant en pareille terre, nous serions riches. On se pro-