Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cure au reste ici tout ce qu’on veut comme à Paris, poissons de mer, etc., en s’entendant avec les gens de l’endroit, qui sont serviables au possible. Enfin on ne manque absolument de rien. Ce doit être aussi cher ou peu s’en faut qu’à Paris ; mais Lucy me paraît une grande économe : elle fait un plat pour quatre jours, et, tous les jours, elle vous le sert tellement transformé, qu’on croit manger du nouveau. Je ne sais de quoi vivent son mari et elle. Si cela dure, c’est merveilleux. Les nouveaux balais swepe vounelo[1], comme disait le bon Cauvières[2]. On m’assure pourtant que ceux-ci dureront, parce qu’ils ont fait leurs preuves ailleurs. Nous verrons bien.

Parlez-moi de vous, de ma Cocote, que je bige mille fois, et de mon Cocoton et de Guillery. Dis mes amitiés à ton père. Bonjour à Marie.

J’ai vu en esprit la délivrance des lérots[3] et des poissons. Quelle noce ! Ceux-là ne nous regrettent pas. Moi, je cherche un brochet pour nettoyer le petit nymphée, où les grenouilles frayent un peu trop. Je me suis payée hier des pots de fleurs. On va me donner deux canards de Chine pour mon eau. Il y a ici, dans le jardin, un criocère énorme et d’un rouge foncé ; c’est un insecte magnifique et très abondant. Je l’appelle criocère au hasard.

  1. Les nouveaux balais balayent bien.
  2. Docteur médecin à Marseille.
  3. Genre de petits écureuils que Maurice Sand avait apprivoisés et qui vivaient en cage dans la salle à manger de Nohant, à côté d’un aquarium peuplé de tanches, de vérons et d’épinoches.