Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/43

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plus. Quant à vous, je vous vois d’ici promenant Cocoton dans son carrosse à travers les myrtes et les lauriers-roses, et il me tarde de vous savoir là ; car vous y aurez vos aises, un beau climat, j’espère, et un bon médecin au besoin.

Dis à Bouli que madame Buloz est venue avant-hier et qu’elle m’a dit ceci : « Buloz a lu le roman de Maurice[1]. Il le trouve très amusant, très bien fait, rempli de talent. Mais il en a très grand’peur. Il dit que, sans de grandes suppressions, il risque d’être arrêté dans la Revue des Deux-Mondes, comme l’a été Madame Bovary dans la Revue de Paris. »

J’ai répondu : « Dites à Buloz qu’il relise encore et fasse des réflexions mûres. Si, avec quelques suppressions de temps en temps, on peut rendre l’ouvrage possible dans la Revue, Maurice m’a donné carte blanche et je me charge de la besogne, sauf à rétablir le texte dans l’édition de librairie. Mais, si les corrections et suppressions sont considérables au point de dénaturer l’ouvrage et de lui enlever sa physionomie, il vaut mieux le publier tout de suite en volume. »

Madame Buloz a repris : « C’est bien l’intention de Buloz d’y renoncer plutôt que de l’abîmer. Aussi je ne suis pas chargée de vous dire qu’il le refuse. Il veut, avant de se prononcer, le lire une seconde fois et y bien réfléchir. Il le regretterait fort, car il en fait le plus grand éloge et dit que c’est prodigieusement

  1. Raoul de la Chastre.