Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


DXC

À M. ***


Palaiseau, 9 juin 1865.


Cher monsieur,

J’ai lu votre livre. Il est savant, ingénieux, clair et intéressant au possible. Il me laisse toutefois au point où il m’a prise. Je savais bien que Jésus croyait à la résurrection des corps, et je suis d’autant plus persuadée que sa doctrine était la continuation de la vie humaine ou la réapparition personnelle dans la vie humaine, que vous établissez sans réplique la source de cette croyance, son histoire, sa raison d’être, son lien avec le passé, enfin tout ce qui constitue le fait historique, peu connu jusqu’ici dans ses détails. Mais votre conclusion ne me soumet pas. En croyant à l’immortalité du corps, Jésus et ses aïeux croyaient à celle des âmes, par la raison qu’il n’est pas de corps sans âme. Il était donc spiritualiste sans être exclusivement spiritualiste. Vous, vous êtes exclusivement spiritualiste ; je ne peux pas comprendre cette doctrine, par la raison qu’il ne me semble pas possible d’affirmer des âmes sans corps.

Vous avez mille fois raison de placer Dieu et la forme de notre immortalité dans la région de l’impé-