Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/93

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nétrable. Mais qui dit l’immortalité dit la vie. La vie est une loi que nous connaissons ; elle ne se manifeste pas pour nous dans la séparation de l’âme et du corps, dans la pensée sans organes pour se manifester. Nous ne pouvons donc pas nous faire la moindre idée d’une vie spirituelle qui soit purement spirituelle ; et je ne peux pas vous dire que je crois à une chose dont je n’ai pas la moindre idée.

Jésus se trompait sur les conditions de la résurrection, nous n’en doutons pas ; mais il me semble que, quant au principe de la vie, il le comprenait bien, ou du moins aussi bien qu’il est donné à l’homme de le comprendre. Que l’âme se revête d’un corps de chair ou de fluide, il ne lui en faut pas moins quelque chose à animer, ou bien elle n’est plus une âme, elle n’est rien. Nous savons qu’il y a des planètes légères, relativement à nous, comme le liège, comme le bois, etc. Elles n’en sont pas moins des mondes, et leur existence est tout aussi matérielle que la nôtre.

Socrate n’est pas si clair qu’il vous paraît. Je pense qu’il croyait bien que son âme revêtirait un autre corps ; quoiqu’il semble souvent dire le contraire par la bouche du divus Plato. Ailleurs, Platon voit les âmes faire elles-mêmes leur destinée, courir où leurs passions les emportent, et, là, il donne la main à Pythagore. Si les âmes ont des passions bonnes ou mauvaises, elles sont organisées. — Autrement ?

Enfin, vous aurez encore beaucoup à nous dire là-dessus ; car votre hypothèse laisse une lacune philoso-