Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/102

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effrayent penchent toujours vers les abus du pouvoir. À l’heure qu’il est, M. Thiers semble le comprendre : mais pourra-t-il et saura-t-il garder le principe par lequel il est devenu arbitre de ce grand problème ?

Quoi qu’il arrive, aimons-nous, et ne me laisse ignorer rien de ce qui te concerne. J’ai le cœur gonflé et un souvenir de toi le dégonfle un peu d’une perpétuelle inquiétude ; j’ai peur que ces immondes hôtes n’aient dévasté Croisset ; car ils continuent malgré la paix à se rendre partout odieux et dégoûtants. Ah ! que je voudrais avoir cinq milliards pour les chasser ! Je ne demanderais pas à les revoir.

Viens donc chez nous, on y est tranquille ; matériellement, on l’a toujours été. On s’efforce de reprendre le travail ; on se résigne ; que faire de mieux ? Tu y es aimé, on y vit toujours en s’aimant ; nous tenons nos Lambert, que nous garderons le plus longtemps possible. Tous nos enfants sont revenus de la guerre sains et saufs. Tu vivrais là en paix et pouvant travailler ; car il le faut, qu’on soit en train ou non ! La saison va être charmante. Paris se calmera pendant ce temps-là. Tu cherches un coin paisible. Il est sous ta main, avec des cœurs qui sont à toi !

Je t’embrasse mille fois pour moi et pour toute ma nichée. Les petites sont superbes.