Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ternationale reprend son œuvre et nous jette dans l’anarchie. Je crois à l’avenir de l’Internationale, si, reniant les crimes et les fautes que viennent de commettre ses stupides adeptes, elle se transforme, et poursuit son principe sans vouloir l’appliquer violemment. Elle n’a produit qu’un ramassis de fous ou de scélérats, mais elle peut s’épurer et devenir la loi de l’avenir. Pour cela, il lui faut du temps. Si des coups d’État nous la ramènent, elle est morte aussi, elle n’est pas encore viable. Sa formule est bonne au fond, son programme est détestable, impossible.

Donc tout est mort chez nous, si nous ne devenons pas des hommes. Les partis nous mangeront et il s’agirait de créer une république sans partis, sans républicains à l’état de parti ; une société laborieuse, commerçante, bourgeoise et démocratique dans la bonne acception des mots. La France est assez artiste et assez idéaliste pour résister à cette épreuve sans s’abrutir ; mais il faut qu’elle apprenne à procéder avec ordre, à se préoccuper de la vie pratique avant tout et à faire, je le répète, ses affaires elle-même.

C’est moi qui vous dis cela, moi l’être le moins pratique qui existe, le plus incapable de gérer quoi que ce soit, le plus condamné, le plus habitué à être exploité et mené. C’est pour cela que j’ai raison de pousser les autres à la vie pratique, je sais personnellement ce qu’il en coûte d’être trop race latine, et une transformation de notre esprit aventureux et insouciant me paraît absolument nécessaire.