veux vous dire moi-même que je ne suis pas, que je n’ai pas été malade du tout, malgré la maladie de la France qui nous rend tous assez malades de cœur et d’esprit. Que vous dirai-je de mes impressions ? elles ne peuvent se fixer sur rien, nous assistons à un travail qui probablement est assez vulgaire de près, mais qui sera peut-être grand dans l’histoire, s’il aboutit ! Une nation perdue et brisée par tous ceux qui ont voulu y établir l’autorité personnelle, même par celui à qui son génie avait semblé créer un droit ! Il n’a eu que l’éclat d’une légende, il a laissé en fin de compte la France plus bas qu’il ne l’avait prise.
Vous n’avez pas vu ces temps-là. Moi, j’ai vu le règne tout entier et j’ai très bien vu la fin du règne, l’invasion, le retour des Bourbons. Depuis, tous les essais de royauté dictatoriale ou constitutionnelle nous ont conduit à des abîmes. Vrai, nous n’en voulons plus, et cela, je suis sûre que c’est le sentiment qui domine : une effroyable lassitude des dynasties, une méfiance invincible contre tous ceux qui ont voulu faire nos affaires à notre place. Et voilà que nous voulons essayer de les faire nous-mêmes. Nous ne pouvons les faire brillantes dans la situation où on nous a mis ; c’est une liquidation de gens ruinés, c’est une existence à recommencer, c’est une série d’expériences, de sacrifices, de tâtonnements.
Si on nous persuade de prendre, comme panacée, une royauté quelconque, nous sommes perdus, nous reculons pour mieux sauter dans le vide. Alors l’In-