Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/204

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allez pas ! Je trouve que vous tournez au Plauchut, mes chers enfants. Prenez garde, c’est grave ! Embrassez le tigre pour moi quand même et remerciez-le de sa bonne lettre et de ses efforts pour me satisfaire à l’endroit de Martine[1]. Nous allons tous bien, sauf les rhumes qui vont et viennent avec ce temps bizarre, froid et chaud, insensé, coup sur coup.

Les petites y échappent, Dieu merci ! Aurore, qui apprend la géographie, a été aujourd’hui à Cannes, à Bruyères par conséquent. Elle trouve que c’est tout près sur la carte et demande pourquoi vous venez si rarement nous voir. Elle n’est pas seule à vous trouver rares. Nous nous en plaignons tous. Je réponds à la question d’Adam. Non, je ne crois pas à la décadence intellectuelle et morale de la France, mais je ne crois pas au salut par la politique. Il nous faudrait de bons commis et laisser l’âme du pays chercher en elle-même son élan et son inspiration. Je ne veux, à la place de mon âme, ni celle de Thiers, ni celle de Blanqui. Arrière les prêtres au pouvoir, quelque robe qu’ils portent. La République se sauvera elle-même, si on ne l’impose pas comme un dogme. Si nous en faisons une Église, elle tombera au niveau de Rome et nous deviendrons Prussiens.

Avez-vous lu la Création de Quinet ? Les républicains sont un essai de la nature, qui veut la république. L’espèce a fait son temps, mal réussie. La na-

  1. Pour qui elle sollicitait un petit emploi.