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DCCCLV

À EDME SIMONNET, À PARIS


Nohant, 20 juin 1872.


Bon courage, mon cher mignon, travaille, ne te laisse pas trop distraire. Tu feras bien d’aller le dimanche chez madame Adam. Certainement tous mes amis t’adopteront et t’aimeront. Tu seras là en bonne et honnête compagnie et tu t’y décrasseras du provincialisme trop accusé de la Châtre. Si cette vie, bien différente des brasseries du quartier Latin, te plaît et t’attire, ton but pourra bien être de rester à Paris par la suite. Mais il ne faut pas te laisser entraîner par les choses agréables du présent. Il ne faut pas rentrer tard ; il faut avoir le cerveau frais tous les matins ; enfin, il faut triompher.

Sois tranquille pour l’avenir, si tu gagnes cette courte et décisive victoire. Du moment que je serai sûre de ta raison, de ta volonté, de ton goût pour les choses et les personnes distinguées, de ton mépris pour la triste oisiveté bête que tu me décrivais si bien dans nos causeries du soir, je m’appliquerai à te ramener en temps possible à Paris, et à t’y faire un milieu où tu ne te sentiras pas déchoir intellectuellement et moralement. Il faut à présent traverser quelques épreuves.