DCCCLXVII
À M. BERTON PÈRE, À PARIS
Je ne sais pas si tu as lu ton rôle de Moréali. Ne te presse pas de l’apprendre. Je suis en train de le modifier profondément. Dans ma première version, celle qui a été lue à Chilly, Moréali était vraiment pur, il aimait sans le savoir, il ne le découvrait que tard en perdant l’espérance de convertir. C’était pour moi tout l’homme et toute la pièce. Chilly et Duquesnel ont alors jeté les hauts cris, disant que c’était un gêneur, qu’il était insupportable et odieux, et que, dès le commencement, il fallait lui faire dire son amour. J’aurais dû dire, moi : Alors, pas de pièce ! Mais je ne sais pas me défendre, j’ai cédé. Et voilà qu’à présent, on reconnaît que ma première version était la vraie. J’y reviens avec satisfaction et je crois que tu en seras content aussi ; car le personnage redevient ce que je souhaitais qu’il fût.
Tu ne me donnes pas de tes nouvelles ; j’espère que tu vas mieux. Écris-moi. Je t’embrasse.
Je me hâte de refaire ton rôle en grande partie, et,