glacée et qu’il mourût dans ses bras ou à ses pieds en disant : « Emmenez-moi ! »
J’obtiendrai cela aux répétitions, j’espère. Je sais bien que le public se lève et qu’il s’en va ; mais il reste à la première. D’ailleurs, il reste toujours pour moi, et il n’entendrait jamais la conclusion, que je serais tranquille si elle y est. Une pièce n’existe pas que pour la scène. On la lit, on en suit la logique avec une attention rigoureuse ; songez que Moréali est sympathique à présent. Il est victime de l’Église, qui l’a retenu militant dans le monde. Il est surpris par l’amour, il parle malgré lui. S’il pouvait prier et pardonner à la fin de la pièce, il serait un saint et mon but serait manqué. Je veux qu’on lui offre le pardon et qu’il le refuse. Je veux qu’ayant mal compris Dieu, il n’y croie plus, quand ce Dieu-instrument ne veut plus le servir à son gré. Je veux que le spectateur lui pardonne et s’en aille en disant : « Ce pauvre diable ! c’est dommage que la religion l’ait jeté dans ce pétrin. Il méritait mieux que ça. »
Mais je ne veux pas qu’on dise : « L’ont-ils assez assommé ! ont-ils assez abusé tous d’un moment de trouble et d’emportement ! Ils sont tous égoïstes, lui seul valait quelque chose, ils le tuent et lui crachent au visage. »
Voilà toutes mes raisons, mon ami. Bonsoir ; il faut que je ferme le paquet. Êtes-vous content des autres actes ?