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DCCCLXXI

AU MÊME


Nohant, 14 octobre 1872.


Cher bon ami,

Ce qui arrive à Berton m’afflige, mais ne me surprend pas absolument. Une lettre de lui, à moi, écrite de Londres et que j’ai reçue à Cabourg, était un signe de démence que nous avons d’abord attribuée à un moment d’ivresse et dont nous avons ri mais, ensuite, le désordre des idées dans ses autres lettres m’effrayait pour lui, et je vois que la bombe éclate ! Il ne faut plus songer à lui faire jouer le rôle de Moréali.

Regrettons seulement, une fois de plus, le tort des pauvres artistes qui veulent mener de front les émotions de la scène et les excitations du désordre. Comme il faut toujours voir le bon côté des choses pénibles ou fâcheuses, disons-nous que cette explosion, venant au moment des représentations, eût tué la pièce, et qu’elle n’est pas tuée, puisqu’elle n’a pas commencé à vivre. Quant aux efforts de ce pauvre aliéné pour la faire tomber d’avance, cela ne peut causer aucun mal. Il y en aura bien d’autres qui, par un motif clérical, déclareront, la veille, que c’est un four. On le dira, on l’imprimera. C’est à la pièce de se défendre