d’un moment sont bonnes. Elles sont le résultat d’un tempérament généreux, et, comme elles ne sont ni méchantes ni haineuses, je les aime ; mais ta tristesse, tes semaines de spleen, je ne les comprends pas et je te les reproche. J’ai cru, je crois encore de ta part à trop d’isolement, à trop de détachement des liens de la vie. Tu as de puissantes raisons pour me répondre, si puissantes, qu’elles devraient te donner la victoire.
Fouille-toi et réponds-moi, ne fût-ce que pour dissiper les craintes que j’ai souvent sur ton compte, je ne veux pas que tu te consumes. Tu as cinquante ans, comme mon fils, ou à peu près. Il est dans la force de l’âge, dans son meilleur développement, toi de même, si tu ne chauffes pas trop le four aux idées. Pourquoi dis-tu souvent que tu voudrais être mort ? Tu ne crois donc pas à ton œuvre ? tu te laisses donc influencer par ceci ou cela des choses présentes ? C’est possible, nous ne sommes pas des dieux, et quelque chose de faible et d’inconséquent trouble parfois notre théodicée. Mais la victoire devient chaque jour plus facile quand on est sûr d’aimer la logique et la vérité. Elle arrive même à prévenir, à vaincre d’avance les sujets d’humeur, de dépit ou de découragement.
Tout cela me paraît facile, quand il s’agit de la gouverne de nous-mêmes : les sujets de grande tristesse sont ailleurs, dans le spectacle de l’histoire qui se déroule autour de nous ; cette lutte éternelle de la barbarie contre la civilisation est d’une grande amertume pour ceux qui ont dépouillé l’élément barbare et qui