DCCCLXXXVII
À MADAME EDMOND ADAM, AU GOLFE JOUAN
Chère Juliette, merci pour le bel envoi arrivé hier, merci de la part de tous et des petites filles aussi. Lolo voudrait bien vous écrire, mais elle ne fait que s’y remettre : elle allait trop vite et mal. C’est une bonne nature ardente, qu’il faut retenir et non pousser.
Je pense qu’Adam est près de vous. Priez-le, pour moi, de s’occuper de la bonne œuvre menée à bien par vous et par lui, dès qu’il sera de retour à sa géhenne parlementaire. Vous avez, je pense, à présent un temps délicieux. Ici, où nous n’avons pas de brise, il fait presque trop chaud dans le jour. La terre est jonchée de marguerites et de violettes.
Le jour de l’an s’est passé en fêtes, déguisements, danses et souper : qu’il eût été doux et gentil de vous avoir là ! Mais vous avez vos fêtes de famille là-bas, avec les rêves dorés que nos filles sont loin de faire encore. Verrai-je ces beaux jours pour elles ? Il faudrait vivre encore douze ou quinze ans et c’est beaucoup. Il faut bien du courage pour vouloir aller si loin et voir encore au dehors tant de choses tristes,