Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/309

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cela. Je comprendrais davantage une ambition personnelle ; mais, quoique la vôtre fût légitimée par une grande intelligence, vous auriez pour premier ennemi le parti de la veuve et de l’enfant. Enfin, je ne vois pas du tout, d’ici à un temps impossible à déterminer, l’impérialisme réunir les suffrages.

Nous sommes trop près de trop grands désastres, et, pour moi, vos titres à une grande position seraient précisément ceux que vous ne pouvez probablement pas faire valoir : vos idées sont plus avancées que toutes celles des autres candidats à l’omnipotence. — Ah ! voilà le hic ! Est-il résolu pour vous ? Il ne le serait pas pour moi, si vous me consultiez au point de vue du succès matériel. Je dis seulement qu’il n’y aurait que cela à risquer avec succès moral, et celui-ci est généralement le contraire de l’autre. Quoi qu’il arrive, que vous vous trompiez ou que vous soyez plus lucide que nous tous, mon affection pour vous reste et restera ce que vous l’avez faite, le jour où, spontanément, vous vous êtes mis en cent pour sauver mes amis (vos ennemis politiques) malheureux.

Je n’ai pas besoin que vous soyez un grand prince pour vous aimer ; faites des bêtises si vous voulez ! vous aurez toujours ce cœur généreux et cette saisissante intelligence que je connais.

À vous donc, et toujours.

GEORGE SAND.

Mes lettres vous arrivent-elles intactes ?