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CMIX

À M. EDMOND PLAUCHUT, À PARIS


Nohant, 8 avril 1874.


Lina t’a écrit que les œufs de Pâques étaient arrivés au jour dit et que nos filles étaient enchantées. On te remercie et on t’embrasse ; on voudrait te voir, on trouve que tu oublies trop Nohant. Tu gâtes toujours, mais de trop loin.

La campagne n’est pas encore bien belle, mais le jardin se remplit de fleurs. Moi, je pioche ferme ; ma comédie m’amuse. Je suis triste pour mon gros Flaubert : il s’est trompé sur ce qui convient au théâtre.

Quand à la Tentation de Saint Antoine, succès ou non, c’est superbe ; mais, dame, ça ne peut pas être populaire. Les lettres s’en vont !

J’ai retrouvé un ami que je n’ai pas vu depuis trente-cinq ans. Il était professeur de musique et haut enseignement, avec une bonne place du gouvernement en Russie. Il avait fait une petite fortune, une faillite la lui enlève ; il lui reste le nécessaire pour vivre et il est en Italie. Il sait le russe comme Tourguenef et fait de très belles traductions. J’ai demandé à Buloz de l’employer. Buloz m’a répondu qu’il lui ferait une très bonne place à la Revue et qu’il pourrait gagner