Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/328

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donc autant de droit que nous, qui voudrions en sortir. La question ainsi posée est trop complexe pour moi et ne me paraît comporter qu’une réponse relative.

Je n’entends rien au droit purement politique ; seulement je sens bien la force du droit humain, c’est celui-là qui est inaliénable et sacré. Mais, avant de le proclamer, sachons ce que c’est que le droit humain, quel est le vrai, le divin, le respectable. Ici, je vous interrogerais, je vous demanderais comment vous l’entendez, et si vous jugez le droit corrélatif au devoir. Si votre réponse satisfaisait pleinement ma conscience, ma conscience vous dirait : « Allez, faites cette révolution ; elle est de droit sacré, puisqu’elle tend à élever l’être humain au niveau qu’il peut atteindre. » Mais, si c’est une simple consigne politique, une campagne entreprise par telles ou telles personnes, pour l’établissement d’un ordre de choses non défini qui satisfera leurs appétits de domination ou de jouissance matérielle, je vous dirai : « N’y allez pas. »

On ne peut vraiment pas dire qu’aucun des actes politiques qui se sont produits depuis la chute de l’Empire soit une révolution. Les faits étaient trop influencés par la guerre avec l’étranger, pour que la conscience générale sût bien ce qu’elle voulait et ce qu’elle pouvait. Moi, j’avoue ne pas voir clair dans cette tourmente, je ne puis qu’approuver ou blâmer certains faits pris en eux-mêmes. L’ensemble m’apparaît comme un accès de fièvre terrible qui innocente jusqu’à un certain point tout le monde. Là, je ne vois