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bouleverse. J’étais arrivée à avoir beaucoup d’amitié pour lui et une entière confiance. Je crois, en outre, qu’il y aura beaucoup d’inconvénients pour moi à ne plus pouvoir m’appuyer sur ce bras solide et dévoué.

Que la vie est triste ! une vie où il faut continuellement voir s’écrouler toutes choses autour de soi, et où l’on n’est pas sûr de revoir le soir l’ami qu’on a quitté le matin.

Tu as dû être bien troublé et chagriné aussi. Si tu étais là, je serais moins triste ; mais il faut s’habituer à l’être, quelque courage que l’on ait. La destinée sombre déjoue toutes nos volontés, et les courageux sont frappés comme les faibles.

Nous t’embrassons tous ; écris-nous.

G. SAND.


CMXXX

À M. CALMANN LÉVY, À PARIS


Nohant, 7 mai 1875.


Je ne m’associe pas seulement à votre douleur, mon cher CaLmann : je la partage et je la ressens absolument pour mon compte. Je perds un ami dévoué, qui, dans ces dernières années, avait été pour moi un appui fraternel en toute chose et qui s’est occupé de moi jusqu’à sa dernière heure. Faites que je ne le