DCCLXVIII
À M. JULES BOUCOIRAN, À NÎMES
Je regrette bien, pour mon compte, de n’être pas auprès de vous, dans ce Midi calme et loin des Prussiens. Que les gens soient rouges ou blancs, ce sont des Français, et on peut leur faire entendre raison quand on n’a de haine et de prévention contre personne. Mais ces Allemands aveugles et sourds, je ne crois pas encore que nous en soyons préservés. Au contraire, ils viendraient, dit-on, sur Issoudun, à moins que notre armée de la Loire ne les repousse, et, comme le secret des opérations est très bien gardé, nous ne savons rien de notre lendemain. Après avoir reculé devant la variole, nous sommes revenus chez nous à tout événement, dès qu’elle a cessé de sévir. Maurice, qui attend toujours l’emploi de son dévouement au pays, va et vient, et nous sommes là avec les enfants, essayant d’être gais pour ne pas les attrister, et d’espérer sans savoir quoi. Je voulais vous faire savoir que nous nous portons bien — c’est tout ce qu’il y a de bon à se dire quand le cœur est triste et l’esprit sombre, — et que nous vous aimons toujours.