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L’amitié augmente dans le malheur.

G. SAND.


DCCLXIX

À SON ALTESSE LE PRINCE NAPOLÉON (JÉRÔME)


Nohant, 25 novembre 1870.


Mon grand ami,

Je ne sais pas si les lettres vous parviennent ; je vous écris encore à l’adresse que vous m’avez indiquée, car les journaux vous font beaucoup voyager et je ne sais ce qu’il y a de vrai ; nous vivons tellement bloqués par les opérations de la guerre dans notre France centrale, que nous savons à peine les événements. Après avoir été chassés littéralement de Nohant par une épidémie effroyable, nous avons passé trois semaines dans la Creuse, un mois à la Châtre, et nous voici rentrés chez nous, plus ou moins exposés à l’invasion, on ne sait !

Nous avons bien pensé à nous réfugier dans le Midi ; mais Maurice ne voulait pas quitter son département et avoir l’air de fuir. Nous n’avons pas voulu, nous, quitter Maurice, si bien que nous attendons l’inconnu sans bravade inutile et sans frayeur inutile aussi. La seule chose que nous sachions bien, c’est qu’on s’arme et se défend à présent avec autant d’énergie que pos-