pas : vous avez tous fait votre devoir, et le monde entier, même la nation qui combat contre vous, vous rend hommage et justice. Le malheur ne tache pas, et, si la France est dans le sang, elle n’est pas dans la boue. Je t’écris comme je pense, et je dois t’envoyer ma lettre ouverte, c’est la consigne militaire ; cela ne me gêne pas. Je n’ai rien à dire, moi, que je ne puisse dire au monde entier. À présent, il faut faire la paix, l’obtenir, la meilleure possible, mais ne pas s’obstiner à la guerre par colère et par vengeance de nos malheurs. Il y aura bien des choses à dire sur les causes multiples de tant de revers. Ce n’est pas le moment. Je n’ai pas voulu publier une ligne contre qui que ce soit ; mais je sais bien que tout eût mieux marché si nous avions eu un gouvernement régulier en province. Le pays réclame ses droits, il faut les lui rendre. Il votera bien, je l’espère ; il voudra ce que veulent l’équité et l’humanité.
Écris-moi bien vite, j’ai reçu ta lettre du 17, celle d’Harrisse après, et, ce matin, une de Berton ; son fils est cruellement malade, le pauvre cher enfant ! Que je vous aime tous, mes pauvres amis ! que je désire la paix ! que j’ai besoin de vous serrer tous contre mon cœur déchiré et meurtri par l’inquiétude ! Nous ne dormions plus, nous mangions en nous reprochant d’avoir encore du pain quand vous n’en aviez plus. Je suis inquiète de Marchal : donne-moi de ses nouvelles ; inquiète aussi de ma pauvre Martine, dont tu ne me parles pas. Et mes Lambert ? Tu m’as dit qu’ils