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DCCLXXXV

À M. EDMOND ADAM, À PARIS


Nohant, 2 février 1871.


Voilà une lettre d’Alice[1] reçue ce matin ; j’ai rayé quelques lignes trop intimes, en apprenant que les lettres devaient être envoyées ouvertes. Mais c’est tout à fait indifférent et ne cache rien dont Juliette ait à s’inquiéter. Je lui en donne ma parole d’honneur. L’enfant est bien portante et en bon air, bien logée, bien soignée : que sa pauvre mère se tranquillise et attende avec patience le moment prochain de la revoir.

Mais comment va-t-elle, notre chère Juliette ? Un mot bien vite, je vous prie, chers amis ! quel soulagement de penser que vous ne mourrez pas de faim et qu’il ne pleut plus de bombes sur Paris ! Je vous avoue qu’en vous voyant dans une telle situation, je n’étais pas du tout héroïque et que je demandais la paix à tout prix. Je n’ai aucun courage pour voir souffrir, non seulement ceux que j’aime, mais encore ceux que je n’aime pas. Je désire la paix pour l’Allemagne presque autant que pour nous. Aussi, il faut nous

  1. Fille de madame Adam.