Que voulez-vous ! dans ces crises effroyables, l’esprit s’égare, la démence arrive. Tout cela n’est pas la faute de l’idéal radieux que les nuées d’orage nous voilent à chaque instant. La république en théorie, c’est le soleil. En fait, pour le moment, elle est grêle, ténèbres et bourrasques.
Qu’elle soit vaincue encore cette fois-ci, hélas je n’en peux plus douter, ou ce sera une république oppressive et cléricale d’un nouveau genre. Je ne vois plus clair dans ses destinées ; mon âme est trop abattue. Je vois bien que l’Empire a encore un parti ; mais ne vous y fiez pas plus que je ne me fie au mien. Il ne vaut pas mieux, il n’est ni plus pur, ni plus convaincu. Je ne crois même pas me tromper en vous disant qu’il est cent fois pire. Il n’a pas de fous fanatiques comme le nôtre ; mais il a plus de cupides et d’ambitieux. Chez nous, il y a la foi, une foule de républicains ont la notion du sacrifice personnel et d’un véritable dévouement. Ceux-là, naturellement, ne sont jamais au pouvoir, ou, quand ils s’y égarent, ils s’en retirent vite. Dans le parti impérialiste, rien de tel. Ils veulent tous la satisfaction de leur intérêt, vous le savez mieux que personne ; vous les avez vus de près, ces serviteurs du cousin ! Vous avez été indigné, désespéré, furieux : ils vous détestaient, ils paralysaient vos bonnes intentions. Ce sont eux, avec leurs calomnies sans nombre et sans mesure, qui vous ont empêché d’avoir la situation que méritait votre haute droiture et votre rare intelligence.